Citation

"Ce n'est que lorsque l'homme sera parvenu au terme de la connaissance de toutes choses qu'il pourra se connaître lui-même. Car les choses ne sont que les frontières de l'homme." F. Nietzsche

mardi 29 juin 2010

Le Troisième Homme

Il s'agit d'un film de 1949. Très beau visuellement, en noir et blanc avec des images fortement contrastées. L'interprétation est très bonne. Seul défaut : le manque de rythme. L'histoire est un peu ennuyeuse à certains moments. Le scénario a quand même un grand intérêt historique : il nous rappelle que l'Autriche était divisée en zones au sortir de la guerre, comme l'Allemagne. Enfin, il y a la musique d'Anton Karas, formidable.


Il y a deux grands moments : l'apparition d'Orson Welles, qui semble émerger de l'ombre d'une porte comme un être surnaturel, un fantôme ou un démon.


L'autre grand moment se déroule sur une grande roue. Orson Welles parle à Joseph Cotten et lui donne un formidable cours de cynisme géopolitique :

"L’Italie sous les Borgia a connu 30 ans de terreur, de meurtres, de carnage... Mais ça a donné Michel-Ange, de Vinci et la Renaissance. La Suisse a connu la fraternité, 500 ans de démocratie et de paix. Et ça a donné quoi ? ... Le coucou !"

jeudi 24 juin 2010

Zeuxis

Non, Zeuxis n'est pas le nom d'une maladie ni une insulte en langue étrangère.

Zeuxis était un peintre. Un des plus grands peintres de l'Antiquité.

Il était Grec et a vécu au Vème siècle avant notre ère. Ses œuvres étaient si ressemblantes, si réalistes que, un jour qu'il a peint des raisins, des oiseaux auraient essayé de les picorer.

Il est devenu une référence pour les artistes à travers les âges. La preuve, un des très nombreux autoportraits de Rembrandt le représente en un Zeuxis imaginaire (Autoportrait en Zeuxis, 1669).

Pline l'Ancien (Histoire Naturelle, XXXV, 36) a raconté que Zeuxis avait peint un athlète, puis avait marqué : "cette peinture sera plus facile à critiquer qu'à imiter".

mercredi 23 juin 2010

Pléonasme

Cherchons une définition du pléonasme. Le Trésor de la Langue Française nous dit : "terme ou expression qui ajoute une répétition (consciente ou inconsciente) à ce qui a été énoncé".
Bon, d'accord. Avec un exemple, c'est plus simple : "monter en haut" ou "descendre en bas" sont les classiques. Mais on en trouve beaucoup d'autres, dont certains sont parfaitement logiques ("il neige dehors").
En étant bien attentif, on se rend compte que tout le monde en emploie. Ecoutez les politiques, les journalistes, les présentateurs : "au jour d'aujourd'hui" : pléonasme. "Notre but ultime" : pléonasme. "Prévoir à l'avance" : pléonasme.
Vous en trouverez une liste très intéressante à cette adresse http://monsu.desiderio.free.fr/atelier/pleonasmes.html
J'en propose d'autres qui peuvent faire réfléchir : "L'art et la littérature". Mais la littérature, c'est un art.
"Racisme et antisémitisme". Mais l'antisémitisme est du racisme. Il n'y a aucune raison de distinguer les deux idéologies. Tous les antisémites sont forcément racistes (l'inverse n'est pas toujours vrai, mais très souvent quand même). Cette distinction est fondée sur un a priori accepté par beaucoup : le raciste est contre les Noirs, les Asiatiques et les Arabes, l'antisémite est contre les Juifs.
Cette coupure est basée sur plusieurs erreurs. Tout d'abord, on peut être Juif et Noir (ou Chinois, ou Arabe). Etre Juif, c'est une religion, non une appartenance ethnique.
Ensuite, le peuple arabe est sémite. Par conséquent, un crime contre des Arabes est un crime antisémite. Donc raciste. (Il faut le rappeler, pour tous ceux qui continuent à penser que les Arabes peuvent être antisémites : c'est une contradiction dans les termes, ils ne peuvent pas être contre eux-mêmes)
Enfin, faire cette distinction risque d'entraîner une hiérarchisation des crimes : attaquer des Juifs parce qu'ils sont Juifs serait-il plus ou moins grave qu'attaquer un Chinois parce qu'il est Chinois ?
La réponse est évidente et ces crimes restent également intolérables.
Donc, pour le bien de la langue française et de notre représentation du monde, parlons simplement de racisme sans faire de distinction.

Pompidou à Metz

Le nouveau Centre Pompidou de Metz propose une exposition passionnante. Le but est de réflèchir sur ce qu'est une œuvre d'art. Quelle est la définition d'une œuvre d'art ?

Le XXème siècle a complètement bouleversé la façon de concevoir une œuvre d'art. Finalement, ce n'est plus l'œuvre elle-même qui importe, c'est l'artiste et son travail. On change la façon de peindre, on explose des artistes eux-mêmes, on fait même "travailler" des passants.

Klein demandait à des femmes nues de s'enduire de peinture bleue (SA peinture, portant son nom, International Klein Blue) et de se rouler sur une toile.

Bien entendu, le premier réflexe, c'est de dire : n'importe qui peut faire ça. Est-ce de l'art ?

Guernica, de Picasso, est un des chef d'œuvre du XXème siècle. Mais sa reproduction, est-ce encore de l'art ?

Les statuettes africaines ont été fabriquées dans un but religieux. Peut-on alors en parler comme d'une œuvre d'art ?

Le Dripping de Pollock (laisser simplement couler de la peinture sur une toile, voir exemple ci-dessous), est-ce de l'art ?

Et, pour ne citer que cela, est-ce que les installations, comme celles de Jean Tinguely ou Ben, sont des œuvres d'art ?

Il est évident que mon but n'est pas d'apporter des réponses.

Cette place primordiale donnée à l'artiste a nettement changé la conception que l'on se fait d'une œuvre d'art. On ne regarde pas un tableau, on regarde un Dali, un Picasso ou un inconnu. Et tout change à partir du moment où on connaît le nom de l'auteur du tableau, du poème ou de la musique.

Si on découvrait que le tableau ci-dessus, au lieu d'être signé Pollock, était attribué à un parfait inconnu, serait-on aussi fasciné ? Serait-il exposé dans un musée ?

Certains se sont amusés et on bien profité de cette attirance pour les artistes. Que dire de l'attitude de Dali, qui jouait constamment avec sa réputation et son image ?

Que dire de cette "œuvre" exposée au Centre Pompidou de Metz, une petite boîte de conserve contenant, si on en croit l'étiquette, de la "merde d'artiste" ? Simple provocation inutile ? Certains vont crier qu'on se moque d'eux. N'empêche que c'est très significatif de cette exposition : nous faire réfléchir sur notre conception de l'art, nous questionner sur les fondements de notre jugement artistique et nous emmener à le réviser. Eventuellement.