Citation

"Ce n'est que lorsque l'homme sera parvenu au terme de la connaissance de toutes choses qu'il pourra se connaître lui-même. Car les choses ne sont que les frontières de l'homme." F. Nietzsche

jeudi 12 août 2010

Art Mengo

Les chansons d'Art Mengo sont fascinantes. L'artiste reste égal à lui-même, sans changer son style musical mais sans jamais se répéter non plus. C'est élégant, subtil, poétique, intelligent, émouvant. Et ses paroles contiennent quelque chose de mystérieux, ces énigmes que l'on voudrait comprendre : comment fait-il pour parler de choses si prosaïque avec un tel lyrisme et en employant des mots simples ? Comment fait-il pour nous emmener dans de telles hauteurs poétiques sans avoir l'air de se forcer ?
Car Art Mengo nous parle de choses simples : la séparation par exemple. "Et ce dernier baiser que je ne t'ai pas donné finira par sécher comme une fleur coupée... Elle ne me feront plus mal dans deux millions d'années ces deux petites larmes que je t'ai vu verser."
Un peu de mélancolie ? "C'est comme être à l'abri quand il pleut et que le gouttes font du bruit en mieux. Envie de filer comme des goélands, quitter la jetée tout doucement. C'est, à la fin du jour, être deux à trouver le temps trop court : tant mieux ! L'occasion rêvée d'aller au vent pour sentir claquer ses sentiments. Ce soit mon cœur ultra-marine, à force de rester dans le vague et danse danse la Madrague."
La poésie... "Il a peint sur ses toiles en bleu, du bout des doigts, des bidons pleins d'étoiles qu'il balance sur les toits."
"La mer n'existe pas, elle va sur nos croyances, de l'aube jusqu'à l'errance comme un vaisseau sans mât."
Un artiste. Un grand artiste qu'il faut savourer.

lundi 9 août 2010

Hippies et croyants

La Sibérie était auparavant le lieu où l'on allait contraints et forcés. C'était la déportation, le bagne, les campagnes de repeuplement forcé... Mais maintenant, de nombreux Russes (et des étrangers également, notamment Allemands) se rendent en masse dans la petite commune de Petropavlovka, dans la République de Bouratie, à la frontière Nord de la Mongolie. Pour y rencontrer le Christ.
Il apparaît là-bas sous les traits d'un ancien policier. Il s'appelle Sergueï et vit surtout dans la montagne. Autour de lui s'est formée une communauté mi hippie mi chrétienne. On prie, on écoute les sermons, on mène une vie "saine" et "sainte". Les fidèles refusent le modernisme : pas d'électricité, pas de voitures, des maisons construites uniquement en bois par leurs occupants, des repas constitués de légumes du jardin. Bien entendu, les icônes sont partout, mais on pratique également des rituels qui relèvent du paganisme le plus ancien : culte de la nature, de la forêt, des rivières, etc.
Mélange syncrétiste de mysticisme, de new age et d'utopie hippie. Image d'une Russie toujours profondément religieuse, parfois jusqu'à la superstition, mais qui ne sait plus forcément de quel côté il faut regarder. Un fait est significatif : les dirigeants de cette communauté sont d'anciens employés de l'état.
Pour plus d'informations, voir le numéro 11 du magasine XXI, qui consacre un reportage photo sur cette communauté.

jeudi 5 août 2010

Grands espaces

Ce siècle nous parle sans cesse de la destruction de la planète. Jamais elle nous a semblé si petite ni si fragile. Et ce n'est pas un hasard.
Jusqu'à une époque récente, il restait encore des terra incognita. On découvrait encore des terres, des peuples, des cultures... Les gens cultivés et curieux (c'est-à-dire, bien souvent, les privilégiés) se passionnaient pour les expéditions, les aventures lointaines, etc. L'une des femmes les plus célèbres du XXème siècle reste encore Alexandra David-Néel, cette extraordinaire aventurière qui a passé des années au Tibet, entre expéditions et étude de la culture tibétaine dans des monastères.
Pendant longtemps, l'autre grande personnalité du siècle précédent fut Jacques-Yves Cousteau. Ce n'est, à mon avis, pas dû à la sympathie du personnage ni à ses engagements, mais bien plutôt à ses exploits.
De nos jours, nous avons l'impression de ne plus avoir d'aventuriers. Et on croit, à tort, connaître toute la Terre. Mais il reste des terres vierges.
Je suis fasciné par les déserts. Pas forcément les grands lieux sablonneux : je parle des grands espaces qui ne sont pas peuplés. D'où mon admiration pour la Russie : quoi de plus attirant qu'un pays dont une grande partie du territoire est presque vide.
J'ai eu la chance d'effleurer le Sahara, il y a presque vingt ans, et je n'en suis toujours pas remis. C'est exceptionnel !
Lorsque l'on vit cela, on comprend peut-être mieux la différence entre le nécessaire et le superflu. Vivre dans de tels lieux vous oblige à vous replier sur le strict minimum vital, vous ne pouvez pas vous permettre d'avoir des exigences luxueuses. Vous redécouvrez donc que chaque geste nécessaire a une importance capitale.
Nous, Occidentaux, avons besoin des déserts. Des grands espaces vides. Pour nous rappeler que c'est la nature qui domine la Terre. Pour nous remettre à notre juste place. Pour nous redonner cette modestie que nous avons un peu tendance à oublier.