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"Ce n'est que lorsque l'homme sera parvenu au terme de la connaissance de toutes choses qu'il pourra se connaître lui-même. Car les choses ne sont que les frontières de l'homme." F. Nietzsche

lundi 2 mai 2011

Et la Syrie ?

L'OTAN intervient en Libye. Officiellement, pour protéger les populations locales contre le dirigeant. En réalité, pour aider les rebelles à nous débarrasser d'un cinglé. Et si les rebelles ne peuvent pas le faire eux-mêmes (comme cela semble être le cas : c'est le problème de l'amateurisme), alors on s'occupera de Khadafi personnellement.
Mais la Syrie ? A priori la situation semble identique : un dictateur brutal, dénué de la moindre morale et prêt à exterminer les trois quarts de son peuple pour rester au pouvoir. Et pourtant, personne ne parle d'intervenir là-bas. Pourquoi donc ?
Parce que la situation est, en réalité, beaucoup plus complexe. D'abord par le jeu des alliances locales : le président syrien est soutenu par l'Iran : avant d'intervenir il faut donc s'assurer de la neutralité iranienne (à défaut de sa bienveillance : faut pas rêver). De plus, El-Assad contrôle lui-même des milices du côté du Liban. Il est capable de déclencher une guerre au pays du cèdre et des attaques contre Israel.
Mais il y a encore plus important. Une attaque contre la Libye ne pose pas trop de problèmes internationaux : personne n'aime Khadafi et tout le monde, même (surtout) les dirigeants arabes, sera heureux de s'en débarrasser. Mais des attaques occidentales contre deux pays arabo-musulmans pourraient passer pour de l'acharnement, voire comme une illustration du choc des civilisations. D'autant plus que la Syrie, et la ville de damas en particulier, a une importance capitale dans l'histoire du peuple arabe et de la religion musulmane (elle en a été la capitale, comme en témoigne la Grande Mosquée des Omeyyades, un des joyaux de l'architecture musulmane).
Pour contrer cette impression, il faudrait que l'attaque contre la Syrie soit faite conjointement avec un des grands pays arabes. Or, dans cette hypothèse, la Jordanie tiendra le rôle de la Suisse et l'Egypte a d'autres chats à fouetter actuellement. Il reste l'Arabie Saoudite, dont l'engagement est trop incertain.
Dans un tel contexte, une attaque contre la Syrie paraît donc improbable, voire impossible à soutenir politiquement.